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Les femmes en première ligne de la lutte contre le Covid-19
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Les femmes en première ligne de la lutte contre le Covid-19
A la fois indispensables à des postes exposés et maltraitées chez elles, les femmes vont peut-être réussir à s'unir pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Il est plus que temps :
FEMMES - Les inégalités de genre persistent dans notre société. Au travail comme dans la sphère privée ou dans l’espace public, les femmes partent bien souvent avec un handicap, leur genre. Et même plusieurs en fonction de leur couleur de peau, de leur état de santé, de leur orientation sexuelle ou encore de leur âge.
L’épidémie de Covid-19 et le confinement n’ont été que des miroirs grossissants de ces inégalités criantes. Selon le secrétaire général des Nations Unies, au niveau mondial, l’épidémie a touché fortement les femmes: leur niveau de vie a baissé, leur exposition au virus est plus forte, leur quantité de travail domestique a augmenté tout comme les violences conjugales dont elles sont victimes. Antonio Guterres a même appelé le 9 avril à ce que les femmes et les filles “soient au centre des efforts” pour l’après Covid-19.
Caissières et soignantes, les femmes sur le front
90% des caissiers sont des femmes. 87,7% des infirmiers sont des femmes. 90% des aide-soignants sont des femmes. 70,5% des agents d’entretien sont des femmes. Toutes ces professions ont été parmi les plus mobilisées depuis le début de l’épidémie et sans interruption pendant le confinement. Aux côtés des enseignants et professionnels de la petite enfance, majoritairement féminins, mobilisés pour garder les enfants des personnels soignants.
Ces métiers appartiennent à ce que l’on appelle le “care” (en anglais, “prendre soin des autres”). Ces professions majoritairement féminines se caractérisent par des niveaux de salaires bas et une faible reconnaissance de la société à leur égard. Elles sont pourtant indispensables à son bon fonctionnement.
“En pleine crise, toute cette armée de travailleuses du care s’avère absolument essentielle, c’est massif, explique Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne interrogée sur Marie-Claire. Le paradoxe se trouve surtout dans le mépris dont elles sont habituellement victimes et avec lequel on considère des tâches fondamentales à la vie quotidienne. Les travaux de soin, de ménage, dans les hôpitaux restent absolument centraux, mais on les voit pas, ils sont invisibilisés. Là, d’un coup, on s’aperçoit à quel point ils sont nécessaires.”
Dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, trois chercheuses appartenant au groupe de travail international Genre et Covid-19 appelaient le 6 mars dernier à mener des “analyses genrées” des effets de l’épidémie. Si a priori les femmes sont tout autant touchées que les hommes, elles meurent moins du coronavirus selon les données dont elles disposaient à l’époque (et qui se confirment en France à l’heure du déconfinement). Mais, les chercheuses tiraient la sonnette d’alarme: le fait qu’elles occupent en nombre les métiers du “care” leur fait courir plus de risques d’être contaminées.
Le 28 mars, le nom d’Aïcha Issadounène, 52 ans, s’affichait dans les médias. Une victime du coronavirus qui sortait de l’anonymat pour une raison. Aïcha Issadounène est la première caissière morte du coronavirus, elle travaillait à Carrefour.
“La majorité des soignants sont des femmes, cela les place en première ligne. La plupart d’entre elles sont aussi parents et aidants auprès de membres de leur famille. Elles continuent à porter le fardeau de ces soins, qui est déjà, en temps normal, disproportionné. Cela soumet les femmes à un stress considérable”, mettait en garde Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe de l’Onu et Directrice exécutive d’Onu Femmes.
Ce n’est pas Marlène Schiappa qui dira le contraire. Une étude menée par Harris Interactive début avril à la demande du secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes montre le déséquilibre dans l’implication des couples dans les taches domestiques et parentales. Marlène Schiappa disait alors craindre l’”épuisement silencieux” des femmes, en particulier des mères et une multiplication des cas de burnout parentaux.
Un autre sondage réalisé entre le 31 mars et le 8 avril par Opinion Way confirme le diagnostic de la secrétaire d’État. “Les femmes sont plus impactées par le confinement, puisqu’elles sont 22% à être en détresse élevée contre 14% pour les hommes”, explique Empreinte Humaine, un cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux qui a commandé cette étude.
Les premières victimes des violences conjugales
Qui dit confinement, dit forcément augmentation violences intra-familiales; en la matière, les femmes et les enfants sont les premières victimes. Dans une conférence de presse ce jeudi 7 mai, Hans Kluge, le directeur de la branche Europe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alertait sur la situation critique des femmes. “Les États membres font état d’une augmentation allant jusqu’à 60% des appels d’urgence de femmes victimes de violences de la part de leur partenaire en avril cette année, par rapport à l’année dernière.”
En France, depuis le début du confinement, cinq fois plus de violences conjugales ont été signalées sur la plateforme dédiée. En Italie, le pape François en personne a mis en garde lundi 13 avril contre le risque accru de violences domestiques encouru par les femmes, enfermées à la maison en raison des mesures de confinement contre le coronavirus.
Participer à l’effort national, bénévolement
Une autre inégalité est plus discrète, plus pernicieuse, mais tout aussi révélatrice des inégalités de genre dans notre société. Nous avons besoin de masques pour nous protéger de la Covid-19. Pendant de longues semaines, les masques étaient impossibles à acheter en pharmacie ou dans les supermarchés. Les machines à coudre ont alors fonctionné à plein régime. Derrière elles, pendant de longues heures, de nombreuses femmes.
Certaines sont couturières professionnelles, d’autres amatrices plus ou moins chevronnées. Pour la plupart, elles ont participé à cet effort national pour approvisionner leurs proches, les soignants, les habitants de leur quartier ou de leur ville bénévolement.
Fiona Schmidt, journaliste et autrice féministe, dont la mère fait partie de ce bataillon de couturières fait jouer les statistiques: faire appel à quelqu’un qui sait décrypter les recommandations des fameux masques Afnor, c’est la plupart du temps faire appel à quelqu’un qui sait coudre, donc à une femme. “Ce quelqu’un pourrait avoir suivi des cours de ‘travaux manuels féminins’ obligatoires dans l’enseignement public jusque dans les années 1970, explique-t-elle, ou être un roi, mais plus vraisemblablement une reine du DIY, ou un.e couturier.e professionnel.le. Et dans la mesure où les métiers de la couture comptaient 71% de femmes en 2017, il y aurait au moins 9 chances sur 10 que je confie la fabrication du seul outil préventif me permettant de rester en bonne santé en cette période de pandémie à une femme.”
Depuis le début du mois de mai, la colère monte pour que ces femmes, dont la couture est pour certaines un métier, soient rémunérées par l’État. Un collectif, “Bas les masques”, a même été monté pour faire entendre leur voix.
Les conséquences de cette pandémie sont nombreuses pour tous même si elles touchent durement les femmes. Mais la riposte s’organise pour construire le monde d’après. Le 6 mai, une vingtaine de femmes politiques, économistes, conductrice, caissière, syndicaliste ou responsable d’association se sont retrouvées sur la chaîne YouTube du site politique Regards pour un meeting en ligne afin de dire “Stop au coronaviril”, comme elles l’avaient un peu plus tôt dénoncé dans une tribune publiée dans nos colonnes.
À propos du monde d’après, leur principale revendication est portée par une pétition initiée par l’économiste Rachel Silvera pour “revaloriser les emplois à prédominance féminine”, comme les soignantes, les caissières, les aides à domicile, les agentes d’entretien ou les enseignantes. “Nous voulons démontrer que les qualités qui sont mobilisées dans ces métiers ne sont pas des compétences naturelles propres aux femmes, mais des compétences professionnelles”, explique l’économiste.
Article extrait du huffingtonpost
FEMMES - Les inégalités de genre persistent dans notre société. Au travail comme dans la sphère privée ou dans l’espace public, les femmes partent bien souvent avec un handicap, leur genre. Et même plusieurs en fonction de leur couleur de peau, de leur état de santé, de leur orientation sexuelle ou encore de leur âge.
L’épidémie de Covid-19 et le confinement n’ont été que des miroirs grossissants de ces inégalités criantes. Selon le secrétaire général des Nations Unies, au niveau mondial, l’épidémie a touché fortement les femmes: leur niveau de vie a baissé, leur exposition au virus est plus forte, leur quantité de travail domestique a augmenté tout comme les violences conjugales dont elles sont victimes. Antonio Guterres a même appelé le 9 avril à ce que les femmes et les filles “soient au centre des efforts” pour l’après Covid-19.
Caissières et soignantes, les femmes sur le front
90% des caissiers sont des femmes. 87,7% des infirmiers sont des femmes. 90% des aide-soignants sont des femmes. 70,5% des agents d’entretien sont des femmes. Toutes ces professions ont été parmi les plus mobilisées depuis le début de l’épidémie et sans interruption pendant le confinement. Aux côtés des enseignants et professionnels de la petite enfance, majoritairement féminins, mobilisés pour garder les enfants des personnels soignants.
Ces métiers appartiennent à ce que l’on appelle le “care” (en anglais, “prendre soin des autres”). Ces professions majoritairement féminines se caractérisent par des niveaux de salaires bas et une faible reconnaissance de la société à leur égard. Elles sont pourtant indispensables à son bon fonctionnement.
“En pleine crise, toute cette armée de travailleuses du care s’avère absolument essentielle, c’est massif, explique Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne interrogée sur Marie-Claire. Le paradoxe se trouve surtout dans le mépris dont elles sont habituellement victimes et avec lequel on considère des tâches fondamentales à la vie quotidienne. Les travaux de soin, de ménage, dans les hôpitaux restent absolument centraux, mais on les voit pas, ils sont invisibilisés. Là, d’un coup, on s’aperçoit à quel point ils sont nécessaires.”
Dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, trois chercheuses appartenant au groupe de travail international Genre et Covid-19 appelaient le 6 mars dernier à mener des “analyses genrées” des effets de l’épidémie. Si a priori les femmes sont tout autant touchées que les hommes, elles meurent moins du coronavirus selon les données dont elles disposaient à l’époque (et qui se confirment en France à l’heure du déconfinement). Mais, les chercheuses tiraient la sonnette d’alarme: le fait qu’elles occupent en nombre les métiers du “care” leur fait courir plus de risques d’être contaminées.
Le 28 mars, le nom d’Aïcha Issadounène, 52 ans, s’affichait dans les médias. Une victime du coronavirus qui sortait de l’anonymat pour une raison. Aïcha Issadounène est la première caissière morte du coronavirus, elle travaillait à Carrefour.
“La majorité des soignants sont des femmes, cela les place en première ligne. La plupart d’entre elles sont aussi parents et aidants auprès de membres de leur famille. Elles continuent à porter le fardeau de ces soins, qui est déjà, en temps normal, disproportionné. Cela soumet les femmes à un stress considérable”, mettait en garde Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe de l’Onu et Directrice exécutive d’Onu Femmes.
Ce n’est pas Marlène Schiappa qui dira le contraire. Une étude menée par Harris Interactive début avril à la demande du secrétariat d’État chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes montre le déséquilibre dans l’implication des couples dans les taches domestiques et parentales. Marlène Schiappa disait alors craindre l’”épuisement silencieux” des femmes, en particulier des mères et une multiplication des cas de burnout parentaux.
Un autre sondage réalisé entre le 31 mars et le 8 avril par Opinion Way confirme le diagnostic de la secrétaire d’État. “Les femmes sont plus impactées par le confinement, puisqu’elles sont 22% à être en détresse élevée contre 14% pour les hommes”, explique Empreinte Humaine, un cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux qui a commandé cette étude.
Les premières victimes des violences conjugales
Qui dit confinement, dit forcément augmentation violences intra-familiales; en la matière, les femmes et les enfants sont les premières victimes. Dans une conférence de presse ce jeudi 7 mai, Hans Kluge, le directeur de la branche Europe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alertait sur la situation critique des femmes. “Les États membres font état d’une augmentation allant jusqu’à 60% des appels d’urgence de femmes victimes de violences de la part de leur partenaire en avril cette année, par rapport à l’année dernière.”
En France, depuis le début du confinement, cinq fois plus de violences conjugales ont été signalées sur la plateforme dédiée. En Italie, le pape François en personne a mis en garde lundi 13 avril contre le risque accru de violences domestiques encouru par les femmes, enfermées à la maison en raison des mesures de confinement contre le coronavirus.
Participer à l’effort national, bénévolement
Une autre inégalité est plus discrète, plus pernicieuse, mais tout aussi révélatrice des inégalités de genre dans notre société. Nous avons besoin de masques pour nous protéger de la Covid-19. Pendant de longues semaines, les masques étaient impossibles à acheter en pharmacie ou dans les supermarchés. Les machines à coudre ont alors fonctionné à plein régime. Derrière elles, pendant de longues heures, de nombreuses femmes.
Certaines sont couturières professionnelles, d’autres amatrices plus ou moins chevronnées. Pour la plupart, elles ont participé à cet effort national pour approvisionner leurs proches, les soignants, les habitants de leur quartier ou de leur ville bénévolement.
Fiona Schmidt, journaliste et autrice féministe, dont la mère fait partie de ce bataillon de couturières fait jouer les statistiques: faire appel à quelqu’un qui sait décrypter les recommandations des fameux masques Afnor, c’est la plupart du temps faire appel à quelqu’un qui sait coudre, donc à une femme. “Ce quelqu’un pourrait avoir suivi des cours de ‘travaux manuels féminins’ obligatoires dans l’enseignement public jusque dans les années 1970, explique-t-elle, ou être un roi, mais plus vraisemblablement une reine du DIY, ou un.e couturier.e professionnel.le. Et dans la mesure où les métiers de la couture comptaient 71% de femmes en 2017, il y aurait au moins 9 chances sur 10 que je confie la fabrication du seul outil préventif me permettant de rester en bonne santé en cette période de pandémie à une femme.”
Depuis le début du mois de mai, la colère monte pour que ces femmes, dont la couture est pour certaines un métier, soient rémunérées par l’État. Un collectif, “Bas les masques”, a même été monté pour faire entendre leur voix.
Les conséquences de cette pandémie sont nombreuses pour tous même si elles touchent durement les femmes. Mais la riposte s’organise pour construire le monde d’après. Le 6 mai, une vingtaine de femmes politiques, économistes, conductrice, caissière, syndicaliste ou responsable d’association se sont retrouvées sur la chaîne YouTube du site politique Regards pour un meeting en ligne afin de dire “Stop au coronaviril”, comme elles l’avaient un peu plus tôt dénoncé dans une tribune publiée dans nos colonnes.
À propos du monde d’après, leur principale revendication est portée par une pétition initiée par l’économiste Rachel Silvera pour “revaloriser les emplois à prédominance féminine”, comme les soignantes, les caissières, les aides à domicile, les agentes d’entretien ou les enseignantes. “Nous voulons démontrer que les qualités qui sont mobilisées dans ces métiers ne sont pas des compétences naturelles propres aux femmes, mais des compétences professionnelles”, explique l’économiste.
Article extrait du huffingtonpost
DamkipikMembre de BREZOLAND
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